Colette, romancière indomptable
- Dorith V
- 7 avr.
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 12 avr.

Audacieuse et scandaleuse, Colette déchaîne les passions. Vilipendée ou adulée, elle ne laisse personne indifférent...
Sidonie Gabrielle Colette adopte le patronyme de son père. Elle naît à la Belle Époque, le 28 janvier 1873. Élevée par sa mère, Sido, qui lui montre la voie du non-conformisme ; Colette s’entend répéter à l’envi qu’elle « est née pour être libre ».
Gaby s’épanouit dans son petit village de Bourgogne, à Saint-Sauveur-En-Puisaye, bien qu’elle soit élevée par une mère stricte qui ne supporte pas les larmes.
Colette a la chance de bénéficier d’une réforme de la IIIe République : l’accès à l’enseignement secondaire féminin. Le programme se limite à des cours de littérature et de musique pour être en mesure de tenir une conversation de salon.
Dès l’âge de dix ans, « Bel-Gazou » comme la surnomme son père, dévore déjà les romans de Balzac, de Victor Hugo ou de Zola, œuvres qui inspireront sa sexualité débridée plus tard.
Âgée de seize ans, elle fait la connaissance d’Henry Gauthier-Villars, dit Willy, à Paris. Fils d’un éditeur, il impressionne fortement Colette qui s’en éprend rapidement.
Willy, homme de lettres, critique de musique et journaliste, baigne dans une effervescence culturelle qui ouvre les portes de ce monde fascinant à la jeune femme impétueuse. Leur mariage est célébré dans l’intimité en 1893. Colette a vingt ans. Elle s’installe avec son époux à Paris.
Une nouvelle vie s’offre à elle, mais très vite Colette doit désenchanter. Son mari, très volage, lui transmet une maladie vénérienne dont elle guérit péniblement. Elle fréquente les salons littéraires en vogue, et devient amie avec Marcel Proust.
La jeune femme commence à écrire ses premiers articles de critique dramatique et musicale pour la revue La Cocarde.
Mais lorsqu’elle rédige son premier roman, à la demande de son mari, c’est Willy qui le signe ! Claudine à l’école, paraît en mars 1900, et connaît un franc succès ; il est même considéré comme un chef-d’œuvre. L’alter ego de l’auteure est né.
Les lectrices s’approprient le personnage de Claudine, qui incarne la nouvelle femme française et européenne de la fin du XIXe siècle. Colette explore librement un sujet scandaleux : le désir féminin !
Elle publiera durant trois ans la suite de la série des Claudine. Grâce à elle, Paris adore Willy l’imposteur, celui qui exploite le talent de sa femme !
Colette, toujours libre, affiche sans détour son androgynie et sa bisexualité, se produit poitrine nue dans un spectacle de music-hall, La Chair en 1907.
La même année, elle fait aussi scandale au Moulin Rouge. La pantomime Rêve d’Égypte la présente comme l’incarnation d’une momie séductrice qui se déhanche et défait lentement ses tissus. Huée, rejetée par certains milieux, elle ne faiblit pas.
Très dynamique, elle tente également de lancer sa propre boutique de produits de beauté, mais sans succès. Elle se lance ensuite dans une carrière d’actrice, renonçant aux règles de bienséance, puisque ce métier est alors synonyme de prostitution.
Son objectif devient plus ambitieux. Colette veut interpréter Claudine, personnage central de son œuvre. Par son énergie sans égale, elle réussit à éblouir les spectateurs.
Ses livres, pour lesquels elle a obtenu la reconnaissance en tant qu’auteure légitime, se vendent par milliers. Mais ses choix de vie sont vilipendés.
Encouragée par sa mère, elle donne vie à La Vagabonde, sous forme de feuilleton en vingt épisodes dans l’hebdomadaire La Vie parisienne. Succès immédiat pour cette nouvelle héroïne moderne et indépendante, qui accroît le prestige de Colette.
Colette divorce officiellement de Willy en 1910 après une longue procédure de divorce, sur plusieurs années.
Sa vie maritale suit la courbe de ses passions : liaison avec une jeune femme Missy, remariée et baronne de Jouvenel en 1912. Puis naissance de sa petite fille qui met à rude épreuve son androgynie revendiquée. Elle décide donc d’élever sa petite « Bel-Gazou » avec une certaine distance, la laissant aux mains d’une nourrice.
En septembre 1920 Colette reçoit la médaille de chevalier de la Légion d’honneur: une reconnaissance tardive de la communauté des lettres. Sa carrière la porte aussi vers le journalisme avec des essais livrés au Figaro.
En 1925, elle donne suite à sa fructueuse carrière, avec la sortie de L’Enfant et les sortilèges, fantaisie lyrique destinée à un ballet, mise en musique par Ravel. Et en 1928, elle publie La Naissance du jour, et Sido, en 1929, deux œuvres sur la figure maternelle.
Une relation incestueuse avec son beau-fils durant trois ans lui coûte l’opprobre de la société ! Mais Colette veut jouir de sa liberté. Ses romans Chéri, (1920) et La fin de Chéri (1926), métaphorisent cette passion. Elle en reçoit pourtant de nombreux éloges des critiques littéraires et écrivains. Elle part en tournée pour interpréter son œuvre sur scène.
Quelques années plus tard en 1935, elle se remarie avec Maurice Goudeket, et se prépare à affronter la seconde Guerre Mondiale avec lui.
En 1945, les membres de l’Académie Goncourt décident à l’unanimité d’accueillir Colette parmi eux.
Souffrant depuis plusieurs années d’arthrite, le mal s’aggrave soudain, la contraignant à l’immobilité jusqu’à son dernier souffle 3 août 1954.
Pour ses adieux à Colette, la France organise les premières funérailles nationales faites à une femme.
Si vous me découvrez : je suis Dorith Voisin – Biographe – Colette, romancière audacieuse et indomptable, a su embraser son époque en défiant les conventions. Si tout comme elle, votre vie est passionnante, n’hésitez pas à la mettre en mots !
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